Dans l’objectif d’améliorer l’autonomie protéique des exploitations de l’Ouest de la France, un essai portant sur l’utilisation d’un ensilage d’herbe précoce a été mené à la station de Trévarez (29) durant 2 années sur le troupeau en agriculture biologique.
Dans des rations hivernales sans correcteur azoté, l’utilisation d’un ensilage d’herbe précoce améliore l’équilibre énergie-azote par rapport à un ensilage d’herbe classique.
L’ensilage d’herbe précoce entraine une augmentation de l’ingestion de + 4,2 kg de MS/VL/jour. La production laitière est fortement accrue avec un effet selon la parité (+2,4 kg pour le primipares et + 4,8 kg pour les multipares). La marge sur coût alimentaire hivernale pour un troupeau de 75 VL avec 25% de primipares est améliorée de 10 358 €...
Durant 2 années, l’impact de l’utilisation de l’ensilage d’herbe précoce a été évalué sur le volet animal sur le système en agriculture biologique de la station de Trévarez. La ration était composée de 5 kg de MS d’ensilage de maïs et l’ensilage d’herbe était apporté à volonté. Aucun correcteur azoté n’était distribué aux animaux. Seuls 2,5 kg de MS de concentrés (orge et maïs grain humide) complétaient les fourrages. Durant 8 semaines, un lot recevait de l’ensilage d’herbe précoce et l’autre lot de l’ensilage d’herbe classique dans sa ration.
En agriculture biologique, grâce à l’ensilage d’herbe précoce, l’ingestion a été augmentée de + 4,2 kg de MS/VL/jour. Cela s’explique par un moindre encombrement de l’EH précoce et un meilleur équilibre énergie-azote (80 g PDI/UFL pour la ration avec l’EH précoce contre 76 g PDI/UFL pour la ration avec l’EH classique). Ainsi la production laitière a également augmentée de façon significative de + 4,0 kg de lait/VL/ jour (cf. tableau 1) avec un effet différent selon la parité (+ 2,4 kg pour les primipares et + 4,8 kg pour les multipares). L’augmentation de la production laitière est encore plus marquée pour les vaches en début de lactation (+5,7 kg/VL/jour). Un arrière effet de l’utilisation de l’EH précoce a été observé avec +1,7 kg de lait/VL/jour durant les 2 semaines qui ont suivi la fin de l’essai (+2,7 kg pour les VL en début de lactation). Nous n’avons pas constaté d’effet sur les taux, ni sur la santé et la reproduction.
D’un point de vue économique, l’augmentation de la production laitière entraine un chiffre d’affaire lait plus élevé de +2,0 €/VL/jour. Le coût alimentaire est majoré de +0,5 €/VL/jour dû d’une part à l’ingestion plus importante et d’autre part au coût de production des fourrages plus élevé en fauche précoce (moins de rendement et plus de chantiers).
Dans le cas d’un troupeau de 75 VL et pour une utilisation de l’ensilage d’herbe précoce pendant 3 mois en hiver, la marge sur coût alimentaire est améliorée de 10 358 € par rapport à de l’ensilage d’herbe classique (tableau 2) et de 643 € grâce à l’arrière effet. Si on n’utilise ce type de fourrage que pour un troupeau en début de lactation, l’amélioration sera de 14 307 €.
L’essai réalisé à la station de Trévarez a donc montré l’intérêt de l’utilisation de l’ensilage d’herbe précoce afin d’améliorer l’autonomie protéique et l’équilibre énergie-azote des rations en agriculture biologique. La récolte d’un fourrage plus riche en MAT et en UFL permet d’améliorer les performances laitières des animaux. Par contre, la baisse de rendement des surfaces combinée avec l’augmentation de l’ingestion des vaches nécessite de s’assurer de disposer de suffisamment de stocks de fourrages pour pouvoir nourrir le troupeau durant tout l’hiver. Par exemple, pour un troupeau de 75 VL et pour 3 mois d’utilisation, c’est 33 T MS de fourrages à récolter en plus. En fonction de la surface disponible dans chaque exploitation, le choix entre produire plus lait (grâce à la conversion de surfaces en céréales en surface fourragère) ou avoir moins d’animaux pour produire le même volume devra être fait. Afin de limiter la baisse de rendement et donc l’augmentation du coût de production du fourrage, il est intéressant de pratiquer la fauche précoce lors de la pousse active de l’herbe (jusqu’à début juillet) puis de faire des enrubannés en fauche classique par la suite.
Pour Ludovic, la plus grande appétence de l’ensilage d’herbe précoce était nette sur le troupeau bio de Trévarez. Cela s’est traduit par une augmentation importante de l’ingestion et de la production laitière. « Mais pour qu’il soit bien consommé, il faut être vigilant sur le taux de matière sèche à la récolte et soigner sa conservation. Cela se retrouve sur les performances animales ».
Même si l’utilisation d’ensilage d’herbe précoce permet une forte augmentation des performances laitières, Ludovic a observé que dans une ration sans correcteur azoté, cela ne suffit pas encore pour maintenir l’état des vaches et assurer une reprise des chaleurs rapide. « C’est pour cela que depuis on utilise seulement de l’ensilage d’herbe précoce et que l’on travaille sur des compléments pour améliorer l’équilibre de la ration. » « En plus d’une ration de qualité à l’auge, le pâturage doit être envisagé dès que possible en bio, quand les conditions le permettent.
Même si ce n’est que quelques heures sur quelques jours consécutifs au milieu de l’hiver, ça fera du bien aux vaches, surtout celles qui ont vêlé à l’automne » ajoute Ludovic.
“Un bon ensilage d’herbe se voit tout de suite sur les performances des vaches.”
Valérie Brocard
Elodie Tranvoiz
elodie.tranvoiz@bretagne.chambagri.fr
Estelle Cloet
estelle.cloet@bretagne.chambagri.fr
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