Dans l’objectif d’améliorer l’autonomie protéique des exploitations de l’Ouest de la France, un essai comportant à la fois un volet végétal (voir "Ensilage d’herbe précoce : moins de rendement mais toujours plus de qualité") et un volet animal sur l’utilisation d’un ensilage d’herbe précoce a été mené à la stationde Trévarez (29) durant 4 années. L’ensilage d’herbe précoce entraine une augmentation de l’ingestion de+1,7 kg de MS/VL/jour. La production laitière a été accrue significativement de +1,9 kg/VL/jour, maisil n’y a pas eu d’effet sur les taux. Pour un troupeau de 75VL, la marge sur coût alimentaire est améliorée de 2 600 € grâce à l’utilisation d’ensilage d’herbe précoce sur 3mois d’hiver.
Durant 4 années, l’impact de l’utilisation de l’ensilage d’herbe précoce a été évalué sur le volet végétal et sur le volet animal sur le système conventionnel de la station de Trévarez. La ration était composée de 60% d’ensilage de maïs et de 40% d’ensilage d’herbe. Le correcteur azoté était apporté pour corriger la ration de base à 95g de PDIE/UFL. 4kg de concentré de production étaient distribués lors des 120 premiers jours de lactation. Durant 8 semaines, un lot recevait de l’ensilage d’herbe précoce et l’autre lot de l’ensilage d’herbe classique en complément du même ensilage de maïs.
En conventionnel, grâce à l’ensilage d’herbe précoce, l’ingestion aété augmentée de +1,7 kg de MS/VL/jour. Ainsi la production laitière a également augmenté de façon significative de +1,9 kg de lait/VL/jour (cf. tableau 1). Il n’a pas été constaté d’effet sur les taux quelle que soit la parité, sur la reproduction, la santé,le poids et la NEC.
D’un pointde vue économique, l’augmentation de la production laitière entraine une augmentation du chiffre d’affaire lait de +0,7 €/VL/jour. Le coût alimentaire est majoré de + 0,3 €/VL/jour lié d’une part à l’ingestion plus importante et d’autre part au coût de production des fourrages plus élevé en fauche précoce (moins de rendement et plus dechantiers).
Ainsi, la marge sur coût alimentaire est de 6,3€ /VL/jour dans le lot ayant reçu l’ensilage d’herbe classique et de 6,7 € /VL/jour dans le lot ayant reçu l’ensilage d’herbe précoce. Dans le cas d’un troupeau de 75 vaches laitières et pour une utilisation de l’ensilage d’herbe précoce pendant 3 mois en hiver, la marge sur coût alimentaire est améliorée de 2 635 € par rapport à l’utilisation d’un ensilage d’herbe classique (tableau 2).
L’essai réalisé à la station de Trévarez a donc montré l’intérêt de l’utilisation de l’ensilage d’herbe précoce (à base de RGH TV) afin d’améliorer l’autonomie protéique des exploitations de l’Ouest de la France. La récolte d’un fourrage plus riche en MAT et en UFL permet d’améliorer les performances laitières des animaux.
Mais afin de limiter la baisse de rendement et donc l’augmentation du coût de production du fourrage, il est intéressant de pratiquer la fauche précoce lors de la pousse active de l’herbe (jusqu’à début juillet) puis de faire des enrubannés en fauche classique par la suite. Par contre, la baisse de rendement des surfaces (Cf.«Ensilage d’herbe précoce : moins de rendement maistoujours plus de qualité ») combinée avec l’augmentation de l’ingestion des vaches nécessite de s’assurer de disposer de suffisamment de stocks de fourrages pour pouvoir nourrir le troupeau durant tout l’hiver. Pour cela, il est donc important de réaliser régulièrement un bilan fourrager afin de prendre les bonnes décisions pour son exploitation(surface en céréales à convertir en herbe,rendement attendu…).
La pratique de l’ensilage d’herbe précoce n’a pas posé de souci lors de sa mise en place à la station deTrévarez. Pour Guillaume, la vigilance doit être portée lors de la conception du silo. A Trévarez, les coupes étaient superposées les unes sur les autres dans un silo couloir. Un excellent tassage est nécessaire à chaque coupe même pour les plus petites en termes de rendement. Si ce n’est pas le cas, lors du débâchage suivant ou lors de l’ouverture du silo, beaucoup de pourri doit être enlevé.
"Par contre, durant les quatre années d’expérimentation, on a observé une meilleure appétence de l’ensilage d’herbe précoce qui s’est d’ailleurs traduite par une plus forte ingestion. Nous avons été tellement satisfaits des résultats de cet essai qu’aujourd’hui les vaches laitières n’ont que l’ensilage d’herbe précoce en complément du maïs ou d’autres fourrages en hiver. Les coupes réalisées à partir de juillet sont faites avec des temps de repousse plus long en enrubanné pour les génisses".
"Nos vaches n’ont plus qu’un ensilage d’herbe précoce en complément du maïs. On va d’abord chercher la qualité avant la quantité"
Valérie Brocard
Idele
Elodie Tranvoiz
elodie.tranvoiz@bretagne.chambagri.fr
Chambres d'agriculture de Bretagne
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