Aujourd’hui, un tiers des vaches de réforme laitières sont abattues maigres (notes d’état d’engraissement 1 ou 2 à l’abattoir). Ainsi, une partie des éleveurs laitiers n’engraissent pas leurs vaches de réformes, par manque de place, de fourrages disponibles ou de perception de l’intérêt économique. Cependant, l’engraissement des vaches de réformes laitières peut présenter un intérêt pour l’éleveur. L’objectif de cette étude est de mesurer la possibilité de remise en état de vaches maigres afin d’acquérir des références techniques sur la finition. Dans la continuité de celui mené sur vaches Montbéliardes en 2019, cet essai porte sur des vaches Holstein conduits sur deux rations de finition à l’auge. Le premier lot est alimenté avec une ration à base de maïs ensilé et le second avec une ration d’un mélange d’enrubannage d’herbe et d’ensilage de maïs. Au final les croissances et les carcasses produites sont comparables entre les 2 lots.
Début 2020, 47 vaches Prim’Holstein sont achetées. Elles sont âgées en moyenne de 5,4 ans, pèsent 591,7 kg pour une note d’état corporel de 1,47. Après une phase de tarissement et de transition alimentaire de 35 jours en moyenne, 40 vaches sont réparties en 2 lots de 20 animaux, homogènes sur leur poids (656,4 kg), leur âge (5,4 ans) et leur NEC (1,51).
La phase expérimentale en engraissement dure 65 jours en moyenne.
La ration témoin est constituée d’ensilage de maïs rationnée et de 2 kg de tourteau de soja.
La ration expérimentale est composée à 50% de maïs ensilage et 50% d’enrubannage d’herbe distribué à volonté et de 1,5 kg de tourteau de soja. L’objectif est d’abattre les vaches à une NEC optimale de 3.
Sur l’ensemble de la période expérimentale qui dure en moyenne 64,5 jours pour les deux lots. Les animaux du lot témoin ont des consommations conformes au plan de rationnement soit, 14,5 kg MS/jour, dont 12,4 kg MS d’ensilage de maïs, 300 g de paille et 2 kg brut de tourteau de soja. Les consommations du lot expérimental maïs/herbe à volonté sont logiquement plus élevées à 16,9 kg MS/jour dont 7,6 kg MS d’ensilage de maïs, 8 kg MS d’ensilage d’herbe et 1,5 kg brut de tourteau de soja. L’introduction d’herbe dans la ration permet une réduction de 32,31 kg de tourteau de soja par animal sur la durée expérimentale, soit une économie de 25% par rapport à la ration témoin. Au total, le lot témoin consomme 935,7 kg MS contre 1 088,7 kg MS pour le lot maïs/herbe.
A la mise en lot, les vaches du lot témoin pèsent en moyenne 629,6 kg vif contre 630 kg vif pour le lot expérimental. Les poids moyens en fin d’essai des deux lots sont identiques à 736,6 kg vif. Les croissances en essai sont donc comparables à 1 253 g/jour pour le lot maïs rationné et 1 241 g/jour pour le lot maïs/herbe.
Les qualités des carcasses produites sont également comparables en termes d’état d’engraissement (2,90 et 2,95) et de conformation (P=). On observe des carcasses du lot maïs un peu plus légères (344,0 kg contre 350,3 kg) lié à un rendement légèrement plus faible (47,1 contre 47,6).
En utilisant deux régimes alimentaires contrastés en termes de fourrages, l’un à base d’ensilage de maïs et l’autre en mélange à proportions égales d’enrubannage d’herbe et d’ensilage de maïs, nous obtenons des croissances et des qualités de carcasses comparables.
Les deux lots ont des croissances identiques, autour des 1 240g/jour. Les consommations sont logiquement plus élevées pour le lot maïs/herbe à volonté (+ 2,4 kgMS/j). Cependant, l’introduction d’herbe conservée a permis de réduire de 25 % la consommation par animal de tourteau de soja par rapport au lot témoin maïs ensilage rationné.
Les carcasses sont comparables et conformes aux attentes de la filière pour les deux lots. 348 kg carc/ rendement 47,4 %/ état 2,9/ conformation P=
Au niveau national, plus d’un tiers des vaches de réformes laitières sont abattues maigres c’est-à-dire en note 1 ou 2, pourtant ce sont de réelles possibilités de productions de viandes. Entre une carcasse de vache laitière maigre (note de 1) et une carcasse correctement finie (note de 3) la différence de poids de carcasse est comprise entre 65 et 80 kg en fonction des races. Si les vaches des trois principales races laitières atteignaient la note de 3, le potentiel maximum de production de viande serait d’environ 17 000 tonnes équivalent carcasse (tec) soit 15% du déficit national de viande estimé à 110 500 tec en 2019 Si aucune vache maigre ne devrait partir vers l’abattoir, à l’inverse, l’éleveur devrait s’assurer de faire partir chaque vache au bon moment, c’est à dire au maximum à la note 3 d’état d’engraissement. En effet, au-delà de ce stade, chaque journée d’alimentation en plus, sera une journée de trop : excès de gras, surcoûts, pénalités …
« Plus 1/3 des vaches de réformes laitières sont abattues maigres, pourtant elles représentent de réelles possibilités de productions de viandes »
Frédéric GUY - Responsable de la ferme expérimentale du CIRBEEF
Clément FOSSAERT - Chargé d'études IDELE