Aujourd’hui, un tiers des vaches de réforme laitières sont abattues maigres (notes d’état d’engraissement 1 ou 2 à l’abattoir). Ainsi, une partie des éleveurs laitiers n’engraissent pas leurs vaches de réformes, par manque de place, de fourrages disponibles ou de perception de l’intérêt économique. Cependant, l’engraissement des vaches de réformes laitières peut présenter un intérêt pour l’éleveur. L’objectif de cette étude est de mesurer la possibilité de remise en état de vaches maigres afin d’acquérir des références techniques sur la finition. Le premier essai mené au CIRBEEF porte sur la race montbéliarde. Trois rations à l’auge sont testées : deux rations à base de maïs ensilé, l’une rationné (lot témoin) l’autre à volonté (lot expérimental 1) et une ration composée d’herbe conservée et d’ensilage de maïs (lot expérimental 2).
Au final les croissances et les carcasses produites sont comparables entre les 3 lots.
Fin 2019, 107 vaches Montbéliardes sont achetées. Elles sont âgées en moyenne de 5,7 ans, pèsent 645,9 kg pour une note d’état corporel (NEC) de 1,82. Après une phase de tarissement et de transition alimentaire de 30,5 jours en moyenne, 90 vaches sont réparties en 3 lots de 30 animaux, homogènes sur leur poids (634,8 kg), leur âge (5,6 ans) et leur NEC (1,83). La phase expérimentale en engraissement dure 98 jours en moyenne.
La ration témoin est constituée d’ensilage de maïs rationné complémentée avec 1,8 kg de tourteau de soja. Cette ration témoin est comparée à une première ration
expérimentale avec du mais distribuée à volonté et 2,3 kg de tourteau de soja.
La deuxième ration expérimentale est composée à 50% de maïs ensilage et 50% d’herbe conservée à volonté et de 1,15 kg de tourteau de soja. L’objectif est d’abattre les vaches à une NEC optimale de 3.
La période expérimentale dure en moyenne 98 jours pour les trois lots. Les animaux du lot témoin ont des consommations conformes au plan de rationnement avec 1 400 kg de MS ingérés, soit 14,3 kg MS/j. Les vaches du lot maïs à volonté consomme en moyennes 16 kg MS/j, soit 179 kg MS de plus que le lot témoin au total. Celles nourries avec la ration maïs/herbe ont des niveaux d’ingestion proches du lot témoin avec 1 445 kg MS consommé en moyenne, soit 14,7 kg MS/jour. Ces faibles consommations pour un lot nourri à volonté, s’expliquent par l’utilisation d’enrubannage à partir du 26 février, par manque d’ensilage d’herbe. L’enrubannage, plus encombrant, limite les ingestions. L’introduction d’herbe dans la ration permet une réduction de 63,6 kg de tourteau de soja par animal par rapport à la ration témoin et de 113,3 kg par rapport au lot maïs à volonté, soit des économies respectives de 35% et 50%.
Pour une même durée d’engraissement, les animaux du lot maïs à volonté ont de meilleures croissances (1 295 g/jour) et donc un poids final plus élevé (762,8 kg). Les vaches du lot maïs rationné et maïs/herbe ont une croissance moyenne similaire, respectivement 1 268 g/jour et 1 254 g/jour, et pour un poids final moyen respectif de 757,9 kg et 763,1 kg. Les rendements moyens sont de 47,5 % à 48,7 % et les poids de carcasses de 362 kg et 371 kg respectivement pour les lots maïs/herbe et le lot maïs à volonté.
Le rendement moyen du lot maïs rationné est intermédiaire à 48,3% avec un poids de carcasse de 364 kg. En ce qui concerne l’état d’engraissement et la conformation, les carcasses des trois lots étaient comparables avec une note d’état. Pour une même durée d’engraissement, les animaux du lot maïs à volonté ont de meilleures croissances (1 295 g/jour) et donc un poids final plus élevé (762,8 kg). Les vaches du lot maïs rationné et maïs/herbe ont une croissance moyenne similaire, respectivement 1 268 g/jour et 1 254 g/jour, et pour un poids final moyen respectif de 757,9 kg et 763,1 kg. Les rendements moyens sont de 47,5 % à 48,7 % et les poids de carcasses de 362 kg et 371 kg respectivement pour les lots maïs/herbe et le lot maïs à volonté. Le rendement moyen du lot maïs rationné est intermédiaire à 48,3% avec un poids de carcasse de 364 kg. En ce qui concerne l’état d’engraissement et la conformation, les carcasses des trois lots étaient comparables avec une note d’état de 3 et une conformation de O-.
En utilisant des régimes alimentaires contrastés en termes de fourrages, à base d’ensilage de maïs rationné ou avec un mélange à proportions égales d’herbe conservée et d’ensilage de maïs à volonté, nous obtenons des croissances et des qualités de carcasses comparables. Avec la ration base maïs ensilage à volonté, malgré de meilleures croissances, le niveau de consommation élevé détériore l’indice de consommation par rapport au lot rationné.
L’introduction d’herbe conservée permet de réduire la consommation de tourteau de soja de 35 à 50% par animal par rapport au lot témoin maïs ensilage rationné et à volonté.
Les carcasses sont comparables et conformes aux attentes de la filière pour les trois lots, entre 360 et 370 kg carc et une conformation moyenne O- pour un rendement entre 47,5 et 48,7 % et un état d’engraissement de 3.
Au niveau national, plus d’un tiers des vaches de réformes laitières sont abattues maigres c’est-à-dire en note 1 ou 2, pourtant ce sont de réelles possibilités de productions de viandes. Entre une carcasse de vache laitière maigre (note de 1) et une carcasse correctement finie (note de 3) la différence de poids de carcasse est comprise entre 65 et 80 kg en fonction des races. Si les vaches des trois principales races laitières atteignaient la note de 3, le potentiel maximum de production de viande serait d’environ 17 000 tonnes équivalent carcasse (tec) soit 15% du déficit national de viande estimé à 110 500 tec en 2019.
Si aucune vache maigre ne devait partir vers l’abattoir, à l’inverse, l’éleveur devrait s’assurer de faire partir chaque vache au bon moment, c’est à dire au maximum à la note 3 d’état d’engraissement. En effet, au-delà de ce stade, chaque journée d’alimentation en plus, sera une journée de trop : excès de gras, surcoûts, pénalités …
« Plus 1/3 des vaches de réformes laitières sont abattues maigres, pourtant elles représentent de réelles possibilités de productions de viandes »
Frédéric GUY - Responsable de la ferme expérimentale du CIRBEEF
Clément FOSSAERT - Chargé d'études IDELE