Durant 6 années, deux lots de 24 Prim'Holstein ont été comparés dans le cadre d'une conduite en vêlages groupés sur 3 mois à la station expérimentale de Trévarez : un lot avec un intervalle vêlage-vêlage de 12 mois (lot 12m) et un lot avec un IVV de 18 mois (lot 18m). A l'échelle d'une période de 365 jours, le lot 18m a produit moins de lait, de matières grasses et de matières protéiques que le lot 12m. Compte tenu de l’évolution du potentiel génétique, la baisse de lait est en revanche plus faible que ce qui était retenu habituellement. L'allongement de l'IVV à 18 mois n'a eu aucun effet sur les performances de reproduction et la fréquence des troubles sanitaires. La longévité des animaux a été améliorée. L'allongement à 18 mois de l'IVV du troupeau s’est soldé par une amélioration de la marge brute de l'exploitation d'environ 3 000 € par an. L’allongement des lactations semble donc pertinent sur des animaux à fort potentiel. Il représente une solution souple d’adaptation de la conduite des troupeaux sans porter préjudice auxrésultats technico-économiques, contrairement à ce qui était admis jusqu'ici.
95 vaches et 216 lactationsvalorisées de 2006 à 2011
L’objectif de l’essai réalisé à Trévarez était de mesurer l’impact à long terme de l’allongement des lactations sur les performances des vaches et leur longévité. 2 lots de 24 vaches étaient conduits en vêlages groupés sur 3 mois (à l’automne pour le lot avec un IVV de 12 mois et à l’automne ou au printemps (selon les années) pour le lot 18 mois). Les vaches étaient maintenues dans leur lot respectif durant la durée de l’essai, et des primipares venaient compléter l’effectif réformé chaque année pour atteindre 24 vaches par lot. Les animaux étaient conduits physiquement ensemble sur un système offrant 15 ares d’herbe/VL au pâturage. La consommation de maïs s’est élevée à 4,2 TMS/VL/an avec environ 900 à 1000 kg de concentré
Moins de jours improductifs en allongeant les lactations
Durant l’essai, le lot 12m ont été 82 % du temps en lactation contre 88 % pour le lot 18m. Seulement 5 % des lactations du lot 18m ont eu un tarissement prématuré (déclenché par un niveau de production inférieur à 5 kg lait/j). Les primipares ont eu de très bonnes persistances. L’allongement des lactations à 16 mois de production ne semble donc pas poser problème pour des Prim’Holstein recevant un régime alimentaire de qualité.
Moins de lait et de matière
En moyenne sur 6 ans, le lot 18m a produit plus de lait par lactation avec un TB identique et un TP significativement supérieur de 0,9 g/kg à celui du lot 12m. Toutefois, rapporté à l’année de présence, le lot 18m a produit significativement 640 kg de lait en moins par an, moins de MG (-40 kg) et moins de MP (-19 kg) que le lot 12m. L’allongement des lactations n’a pas eu d’impact sur la santé et la reproduction des animaux.
Mais plus d’€
Pour une exploitation qui livre 544.000 l par an, l’effectif de vaches laitières et la SFP ne sont quasiment pas impactés par l’allongement des lactations de ses animaux. Le produit de l’atelier est plus élevé pour le lot 18m en raison de l’écart sur le prix du lait (+8 € / 1000 l). Cet écart est dû à l’augmentation du TP, mais aussi aux vêlages au printemps, certaines années, pour le lot 18m. Le produit issu de la viande est par contre plus faible pour le lot 18m, qui vend moins de vaches de réforme et de veaux. Les charges opérationnelles sont mieux maîtrisées dans le lot 18m, grâce à un plus faible coût alimentaire. L’écart sur la marge semi-nette d’exploitation est d’environ 3 000 € par an, soit 5.4 € / 1 000 l en faveur du lot 18m. Donc contrairement aux idées reçues, ne pas faire un veau par vache est par an, n’est pas pénalisant économiquement.
L’allongement des lactations est possible en élevage et intéressant économiquement, dans la mesure où il améliore la longévité du troupeau (+1,9 ans en fin d’essai pour les multipares du lot 18m). Il pénalise la production annuelle de lait et de matière utile. Les bonnes persistances, le nombre limité de vaches avec tarissement anticipé et la faible augmentation de la concentration en cellules somatiques en fin de lactation, montrent que cette technique est tout à fait envisageable sur Prim’Holstein avec des rations de bonne qualité. Les résultats de reproduction et l’état sanitaire ne sont pas modifiés, malgré la réduction de la fréquence des vêlages et l’insémination plus tardive après vêlage. Les résultats économiques, dans les conditions de l’essai, sont favorables au lot 18m. Sa mise en œuvre en élevage nécessite toutefois des précautions : cibler les vaches productives à bonne persistance et en bonne santé, offrir des rations de bonne qualité, notamment en fin de lactation, mais sans excès pour éviter une reprise d’état excessive en fin de lactation. Cette technique permet également de réduire le nombre de veaux à naître dans un contexte de tension sur le marché des veaux laitiers.
L’essai sur l’allongement des lactations a mobilisé 95 vaches pendant 6 ans à la station expérimentale de Trévarez. L’un de ces enseignements est que faire des lactations longues, c’es tpossible en race Prim’Holstein. Les vaches ont eu de bonnes persistances et plus particulièrement les primipares. Très peu de vaches ont dû être taries prématurément avec une production journalière inférieure à 5kg de lait. Concrètement, suite à cet essai, nous avons modifié la gestion de la reproduction à Trévarez. En effet, nous sommes en vêlages groupés sur 2 périodes à l’automne et au printemps. Avant, les vaches restaient uniquement sur une seule période mais maintenant nous n’hésitons plus à faire faire des lactations de 16 mois à certaines vaches.
« Allonger les lactations, c’est possible »
Valérie Brocard
Idele
Elodie Tranvoiz
elodie.tranvoiz@bretagne.chambagri.fr
Chambres d'agriculture de Bretagne
Pascal Le Coeur
Responsable de la ferme expérimentale de Trévarez
pascal.lecoeur@bretagne.chambagri.fr
Chambres d'agriculture de Bretagne
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