Pâturage hivernal des vaches laitières
notre étude

Pâturage hivernal des vaches laitières

2 kg de lait de plus par VL et par jour avec le pâturage hivernal pour l’hiver 2022/2023
Modifié le :
3
March
2024
  • Montrer l’impact du pâturage hivernal et l’effet de cet apport supplémentaire de protéines (MAT) sur les performances de production laitière en hiver et l’état d’engraissement du troupeau.
  • Évaluer l’impact du pâturage hivernal sur les prairies (pousse, composition, dégradation éventuelle, piétinement) en hiver et au printemps.

Ce qu'il faut retenir

Le pâturage hivernal a été testé durant l’hiver 2022- 2023 , sur le troupeau des vaches laitières en agriculture biologique de la ferme expérimentale de Trévarez - Les résultats de ce premier hiver ont montré qu’avec un temps d’accès au pâturage court de 3 h par jour, les animaux n’ont pas dégradé la prairie en hiver et la reprise en végétation a été favorable au printemps. Le lot en pâturage hivernal a produit + 2 kg par vache et par jour en plus par rapport aux animaux témoin en bâtiment 100%.
Pâturage hivernal des vaches laitièresPâturage hivernal des vaches laitièresPâturage hivernal des vaches laitières

Chiffres clés

  • + 2 kg de lait
  • + 2 kg MS
  • d’herbe pâturée
  • Taux TB et TP
  • similaire
  • 3 h
  • de pâturage / jour

Résumé

En élevage laitier biologique, le principal challenge technique et économique est d’assurer l’autonomie alimentaire du troupeau. Le pâturage, qui contribue à l’apport d’une ration équilibrée aux animaux, est la première voie pour y arriver, il est souvent pratiqué du printemps à l’automne. Cependant, l’hiver est la période la plus complexe en bio, le niveau en protéines et en énergie étant limité par la qualité des ensilages d’herbe récoltés.

L’expérimentation vise à étudier la réponse d’un troupeau en lactation en agriculture biologique, pâturant des prairies d’associations graminées-légumineuses en période hivernale. Cet essai permet d’apporter un équilibre à la ration hivernale, l’herbe pâturée ingérée pouvant être un complément d’azote à la ration.

Méthodologie

Déroulement de l’essai

L’essai a duré 8 semaines du 7/12/22 au 1/02/23 avec deux périodes de pré et post expérimentation de 3 semaines.

La ration de l’hiver était composée pour les deux lots, de 5 kg MS d’ensilage de maïs, d’ensilage d’herbe à volonté (et donc en quantités variables), 1,5 kg MS d’enrubanné de luzerne et 2,5 kg MS de mélange céréalier grain au robot.

L’essai a été conduit sur 50 vaches croisées Prim’Holstein x Jersiaise x Normande avec 40 % de primipares en traite robotisée. Les vaches étaient réparties en 2 lots : un lot  témoin sans pâturage, 100% bâtiment, un lot pâturant 3 h / jours, avec la même ration à l’auge que le lot témoin. Le pâturage tournant a été conduit sur 12 ha avec 1 à 2 jours par paddock, avec fil avant en fonction de la quantité d’herbe disponible, soit deux tours de pâturage pendant l’essai. Le chargement instantané était de 50 UGB/ha, identique aux conditions de pâturage du reste de l’année.

Résultat

Plus d’ingestion et de production laitière avec le pâturage hivernal  

Pour cet hiver, le lot en pâturage hivernal a eu de meilleures performances laitières que le lot en 100% bâtiment. La production laitière a augmenté significativement de + 2 kg / VL / j en moyenne  avec le pâturage.

L’effet est similaire pour les primipares et les multipares. De plus, aucune tendance ne semble se dessiner sur le TB, le TP, la fréquence de traite au robot ou la santé des animaux. Par ailleurs, le lot pâturant semble avoir perdu moins de poids en fin d’hiver que le lot expérimental.

De plus, pour une durée de 3 h par jour de pâturage sur 8 semaines, le lot pâturage a ingéré 0.9 kg MS d’ensilage d’herbe en moins par rapport au témoin. L’ingestion d’herbe pâturée, estimée à partir des UF et PDI nécessaires pour la production laitière et les besoins d’entretien est estimée à 2 kg MS environ (équation INRA 2007).

Des animaux dehors dans des conditions très pluvieuses.

Les animaux sont sortis les huit semaines (sauf 4 jours) malgré une météo très pluvieuse (>300 mm de cumul de pluie), une situation peu portante et un hiver froid, avec 10 jours de gel cumulé.


Conclusion

Le pâturage hivernal, un atout alimentaire pour son troupeau

Le challenge de pâturer en hiver avec un troupeau en lactation sur une zone froide et peu portante de Bretagne est réussi.

Une partie de l’herbe pâturée a permis d’améliorer l’équilibre azoté de la ration et semble avoir été consommée en plus de la ration distribuée. Malgré une faible pousse pendant l’hiver <10 kg MS/jour, la reprise de végétation a été similaire sur les zones pâturées et non pâturées, avec une proportion de légumineuses plus importante sur les parcelles pâturées.

Le pâturage hivernal peut être un levier face au changement climatique et une opportunité pour apporter de l’équilibre en protéines dans une ration hivernale.

[SPACE 2023] Le pâturage hivernal, une opportunité à saisir ?

Les fermes expérimentales de Thorigné d’Anjou, La Blanche Maison et Trévarez s’intéressent au pâturage hivernal depuis quelques années. Dans cette conférence, elles partageront les pratiques de pâturage mises en place, les valeurs alimentaires de l’herbe d’hiver ainsi que les performances zootechniques des animaux ayant pâturés ces prairies (animaux en croissance ou vaches laitières).

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Pour Ludovic, « l’introduction de pâturage hivernal dans la ration d’un troupeau en lactation, permet une meilleure ingestion avec plus de lait par vache, et permet d’équilibrer la ration hivernale.»

L’herbe peut se pâturer par opportunité, en hiver même en conditions très pluvieuses, les animaux ont préféré sortir et attendaient l’ouverture de la barrière quasiment tous les jours plutôt que de rester à l’intérieur.  Ils ont très vite pris l’habitude de sortir 3 h par jour.

« Le pâturage hivernal est un levier possible face au changement climatique. Avec un temps de séjour court comme cet hiver, des animaux croisés plus légers, les parcelles n’ont pas été abimées et la reprise de la végétation a été favorable au printemps, avec un repos végétatif de 40 jours ».

L’une des conditions de réussite du pâturage hivernal est une bonne qualité des chemins, surtout en entrée et sortie du bâtiment.  De bons chemins c’est vrai toute l’année pour améliorer le pâturage ! De plus, le frein à cette technique vient parfois de l’éleveur, car il faut changer les fils dans des conditions humides.

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« Le pâturage hivernal, un levier pour équilibrer la ration hivernale en bio »

Ludovic Lagadec - Technicien d'Exploitation

Ludovic Lagadec - Technicien d'Exploitation

Chargés du suivi de l’essai et des mesures

Contact techniques

POUR EN SAVOIR PLUS

- Fiche technique pâturage hivernal, partie végétale

Contacts techniques

Claire Caraes

Chargée d'études - Chambre d'agriculture de Bretagne

claire.caraes@bretagne.chambagri.fr

Valérie Brocard

Chargée d’études - Institut de l'Elevage

valerie.brocard@idele.fr

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