Paturleg - Pâturer une prairie riche en légumineuses en été : Plus d’autonomie protéique mais des performances zootechniques variables
notre étude

Paturleg - Pâturer une prairie riche en légumineuses en été : Plus d’autonomie protéique mais des performances zootechniques variables

En complément d’une ration à base d’ensilage de maïs à volonté et 4 kg MS d’ensilage d’herbe
Modifié le :
10
October
2024
  • Mesurer les effets du pâturage de légumineuses sur les performances zootechniques
  • Calculer l’impact économique
  • Évaluer les conséquences en termes d’empreinte carbone

Ce qu'il faut retenir

Pâturer une prairie riche en légumineuses en été permet de réduire de 1,5 kg de MS le correcteur azoté pour une ration à base d’ensilage de maïs. Les performances zootechniques sont directement liées au taux de légumineuses et donc à la valeur MAT de l’herbe.
Paturleg - Pâturer une prairie riche en légumineuses en été : Plus d’autonomie protéique mais des performances zootechniques variables Paturleg - Pâturer une prairie riche en légumineuses en été : Plus d’autonomie protéique mais des performances zootechniques variables Paturleg - Pâturer une prairie riche en légumineuses en été : Plus d’autonomie protéique mais des performances zootechniques variables

Chiffres clés

  • Herbe pâturée entre
  • 17% et 22% de MAT
  • Entre 189 et 300 kg de MS/cm/ha de densité
  • Avec un régime EM à volonté
    + 4 kg MS d’EH
  • Pas d’effet sur les taux
  • Entre 0 et -2 kg de lait / VL/ jour

Résumé

Durant 3 étés (2021-2023), deux lots de vaches Prim'Holstein ont été comparés à la station expérimentale de Trévarez : un lot témoin en 100% bâtiment recevait la ration « classique » de Trévarez avec de l’ensilage de maïs (EM) à volonté, 4kg de MS d’ensilage d’herbe (EH) et du tourteau de colza pour corriger la ration de base à 95 g de PDI/UFL et un lot recevait une ration à l’auge identique mais pâturait en plus une prairie riche en légumineuses durant 4 h par jour. Le correcteur azoté était ajusté pour garder le même équilibre à 95g de PDI/UFL.

Durant les 3 mois d’essai, dans le lot expérimental, une baisse d’ingestion à l’auge a été constatée (entre 4 et 6 kg de MS). L’ingestion au pâturage a été estimée entre 3 et 5 kg de MS. Une baisse de production laitière a été constatée en 2023 mais pas en 2021. Cette ration n’a eu aucun effet sur les taux. L’économie de colza a été de 1,5 kg MS/VL/j.

Avec un fort taux de légumineuses (66%) en année 1, le maintien de la production laitière et la baisse du concentré permettent une amélioration de la marge sur coût alimentaire. Ce ne fut pas le cas en année 3 du fait de la baisse du taux de légumineuses et du lait.

Méthodologie

2 lots de 40 vaches suivis pendant 3 étés

Pendant 3 étés (2021, 2022 et 2023) , l’impact du pâturage de légumineuses a été évalué sur le troupeau conventionnel de la station de Trévarez

La ration était composée d’ensilage de maïs (EM) à volonté et de 4 kg de MS d’ensilage d’herbe précoce (à 40% de MS). Durant 10 semaines, le lot Expérimental (Lot E) pâturait une parcelle riche en légumineuse (objectif >60%) avec un objectif d’ingestion à 5 kg de MS/VL/j, tandis que le lot Témoin (Lot T) restait en bâtiment. Le correcteur azoté (tourteau de colza) était apporté pour corriger la ration à 95 g de PDI/UFL.

Pour le volet végétal, avant chaque entrée dans un paddock, le taux de légumineuses, la densité, la croissance et la valeur alimentaire des prairies étaient mesurés.
Les étés 2021 et 2023 furent bien arrosés, contrairement à 2022 où les données n’ont pas pu être valorisées à cause de la sécheresse.

Résultat

Des taux de légumineuses qui ne se maintiennent pas dans le temps

Tableau 1 : Principaux résultats fourragers

Les prairies riches en légumineuses ont été implantées soit à l’automne 2020, soit au printemps 2021 . Au semis, le mélange était composé de Ray Grass Anglais (4 kg/ha), Trèfle violet (5 kg/ha), Trèfle hybride (2 kg/ha) et de Trèfle blanc (3 kg/ha). Au printemps, le semis a eu lieu sous couvert d’avoine. L’accessibilité était de 16 ares en 2021 et de 20 ares en 2023. Les animaux disposaient de 6 kg de MS/VL/jour d’herbe offerte pour un objectif d’ingestion à 5 kg de MS/VL/j. En moyenne, en 2021, la densité (de juillet à octobre) a été de 189 de MS/cm/ha contre 300 en 2023. Cette différence est à mettre en relation avec le taux de légumineuses qui passe de 66 % en année 1 à 40 % en année 3. Ainsi le taux de MAT baisse de 22 %  à 17 % (tableau 1).

Des performances laitières variables selon les années

Tableau 2 : Performances de production laitière en 2021 des 2 lots expérimentaux (30% de primipares). Tests statistiques à p<0,05

Sur un régime ensilage de maïs dominant, l’incorporation de pâturage de légumineuses a permis de réduire de 1,5 de MS/VL/j  le correcteur azoté. L’ingestion à l’auge a été réduite de 4 kg de MS/VL/j  en 2021 et 6 kg de MS/VL/j en 2023 pour le lot Expérimental par rapport au lot Témoin. L’ingestion moyenne au pâturage a été estimée entre 3 et 5 kg de MS selon les années. L’objectif d’équilibre de la ration à 95g PDI/UFL a été atteint dans les deux lots. Les performances laitières sont variables selon les années. Aucun effet significatif n’a été mesuré sur le lait brut en 2021 (tableau 2) avec une valeur MAT de l’herbe de 22 %.

Tableau 3 : Performances de production laitière en 2023 des 2 lots expérimentaux (30% de primipares). Tests statistiques à p<0,05

Par contre, le lot expérimental a perdu significativement 2,1 kg lait/VL/j en en 2023  avec une valeur MAT de l’herbe de 17 % liée à la baisse du taux de légumineuses (tableau 3). Cette régression peut s’expliquer par l’âge de la prairie et les conditions de sécheresse exceptionnelles de l’été 2022. Enfin, aucun effet significatif sur les taux n’a été constaté.


Conclusion

Pâturer des prairies riches en légumineuses, une bonne solution si l’herbe peut pousser…

Les performances laitières du lot expérimental sont directement liées à la teneur en MAT des prairies riches en légumineuses. Dans une ration à base majoritairement ensilage de maïs, on peut observer une baisse de la production laitière si la teneur en MAT de la prairie est faible (17 % en 2023 contre 22 % en 2021). Le pâturage de prairies riches en légumineuses permet de réduire la quantité de correcteur azoté (-1.5 kg MS/VL/j) à condition d’avoir des taux de légumineuses et donc de MAT élevés comme en année 1. Cette solution reste cependant dépendante des conditions climatiques estivales, comme l’a montré l’échec de 2022. Cette réduction de correcteur azoté permet d’améliorer l’autonomie protéique des exploitations laitières. L’accessibilité au pâturage dans cet essai était de 15 ares/VL, rendant ainsi ses résultats duplicables dans une majorité des élevages laitiers.

Télécharger l'étude au format PDF

Une des craintes que l’on pouvait avoir avant de démarrer cet essai sur le pâturage de légumineuses était le risque pour la santé des vaches avec la météorisation. Mais sur un régime à majoritairement à base d’ensilage de maïs et une ingestion de 5kg de MS de pâturage / VL/jour, il n’y avait aucun risque. Nous n’avons eu aucun problème sanitaire lié à ce type de pâturage lors des 2 années d’essais.
Par contre, la question autour de la pérennité de ces types de prairies se pose car on a constaté une baisse importante du taux de trèfle en 2023. Est-ce que cela est une conséquence de la sècheresse de 2022 ?

Télécharger l'étude au format PDF

« Pas de risque de météorisation »

Anaïs OLLIVET

Anaïs OLLIVET

Technicienne d'Expérimentation

Contact techniques

POUR EN SAVOIR PLUS

  • Pâturer une prairie riche en légumineuses pour économiser du correcteur azoté pour les vaches laitières, Tranvoiz E et al, 3R 2024

Contacts techniques

Elodie Tranvoiz

Chargée d'études - Chambre d'agriculture de Bretagne

elodie.tranvoiz@bretagne.chambagri.fr

Avec le soutien :