Le concentré de production, distribué au-delà de la ration de base équilibrée, constitue une part importante du coût d’alimentation. Sa réduction, voire sa suppression, peuvent donc être un levier d’amélioration de l’efficacité économique de l’exploitation. C’est pourquoi deux essais de 3 années ont été conduits simultanément sur 2 troupeaux différents à la station de Trévarez : un premier de modulation du concentré au cours de la lactation et un second d’apport supplémentaire en milieu et fin de lactation. 245 lactations ont ainsi été valorisées. En moyenne, l’efficacité du concentré de production s’est située aux alentours de 0,5 kg de lait produit par kg de concentré apporté. Elle n’a pas varié selon le stade de lactation, la parité ou le potentiel laitier des animaux. Avec ces résultats, le prix d’intérêt du concentré de production varie entre 70% et 80% du prix de vente du lait.
L’objectif du premier essai était d’apporter la même quantité de concentré de production (360 kg/VL/an) au-delà de la ration de base équilibrée (95 g PDIE/UFL)dans le cadre d’un système avec 40 ares d’herbe pâturée. La moitié des vaches recevaient un apport en début de lactation (du 2ème au 4ème mois – Lot M234). L’autre lot a reçu la même quantité de concentré de production mais à un stade de lactation plus avancé (du 5ème au 7ème mois – Lot 567). Dans le second essai, dans un système à 15 ares d’herbe pâturée, c’est l’apport supplémentaire de concentré en phase descendante de lactation qui a été étudié. Cet apport s’est fait du 7ème au 9ème mois de lactation pour les vaches ayant un Intervalle Vêlage Vêlage (IVV)de12 mois et du 8ème au 11ème mois de lactation pour les vaches ayant un IVV de 18 mois
Les vaches du lot M234 ont eu une consommation supplémentaire de 3,2 kg de concentré de production pour une augmentation de leur production laitière de 1,5 kg (figure 1). Les vaches avec un second apport en fin de lactation ont produit 1,7 kg de lait supplémentaire pour 3,4 kg de concentré consommé. Dans les deux essais, l’efficacité du concentré a donc été d’environ 0,5 kg de lait par kg de concentré apporté et la réactivité de la production laitière à l’ajout ou au retrait du concentré a été immédiate. L’analyse des résultats a montré qu’elle a été identique quels que soient le potentiel laitier, le stade de lactation et la parité des vaches.
Dans les deux essais (tableaux 1 et 2 ), le TP a été amélioré (+1,2 g/kg dans l’essai 1 et +0,9 g/kg dans l’essai 2) et le TB s’est détérioré (-1,9 g/kg dans l’essai 1 et -1,5 g/kg dans l’essai 2) lors de la phase d’apport de concentré de production. Aucune différence de poids, d’état corporel et de résultat de reproduction n’a été observée entre les différents lots.
Renoncer au concentré de production si son prix est supérieur à 80% du prix du lait
D’un point de vue économique, les dépenses de concentré de production sont à mettre en regard des produits supplémentaires dégagés par l’augmentation du produit lait (quantité, qualité). Dans les conditions de l’essai, il est possible de définir le prix maximum que le concentré de production ne doit pas dépasser pour permettre une marge sur coût alimentaire positive pour l’éleveur. Ainsi le prix d’intérêt du concentré de production varie entre 70 % et 80 % du prix de vente du lait.
L’apport de concentré de production chez la vache laitière sur une ration de base de qualité et à volonté a une efficacité faible (+0,5 kg/kg deconcentré) quel que soit son stade de lactation. L’impact de cet apport sur les performances zootechniques des animaux rend ce levier peu rentable économiquement dans un contexte de prix fluctuant. Son utilisation doit donc être étudiée par les éleveurs en fonction des prix des matières premières et du lait afin de ne pas produire à perte. À Trévarez, il a donc été décidé de se passer du concentré de production dans le cadre de la démarche Bas carbone.
Les deux essais que l’on a réalisés sur la modulation des concentrés sur nos deux systèmes (15 ares et 40 ares /VL) durant 3 années, nous ont montré que les Holsteins sont très souples. Dès que l’on ajoute ou que l’on retire du concentré de production, la production laitière suit immédiatement.
Les vaches réagissent de la même façon quelque soit leur rang de lactation, leur stade et de leur IVV.
On n’a pas constaté de différence entre les différents lots sur les performances de reproduction. Le constat était lemême pour les dynamiques de reprise de poids et d’état corporel
« Quand on ajoute ou on retire le concentré, la production réagit de suite »
➧ POUR EN SAVOIR PLUS
Tranvoiz E., Brocard V., Portier B, 2018. Efficacité du concentré de production chez lavache laitière selon le stade de lactation. Renc. Rech. Ruminants, 2018, 24 p157-160
Tranvoiz E., Brocard V, 2018. Pour concilier économie et environnement, Trévarez supprime le concentré de production des vaches. Terra 664 p32-33.
Valérie Brocard :
IDELE
Elodie Tranvoiz :
elodie.tranvoiz@bretagne.chambagri.fr
Chambres d’agriculture de Bretagne
Pascal Le Cœur - Responsable de la ferme expérimentale de Trévarez
pascal.lecoeur@bretagne.chambagri.fr
Chambres d’agriculture de Bretagne