Cap Protéine - Rations mixtes herbe conservée et ensilage de maïs pour engraisser des jeunes génisses viande
notre étude

Cap Protéine - Rations mixtes herbe conservée et ensilage de maïs pour engraisser des jeunes génisses viande

Modifié le :
10
October
2024

Acquisition de références techniques, économiques et d’autonomie protéique sur des jeunes génisses alimentées avec différents types d’herbe conservée.

D’un point de vue technique les rations d’engraissement avec de l’herbe fonctionnent, mais il faut veiller à bien calculer son coût de production pour assurer la rentabilité de l’atelier.
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Chiffres clés

  • Des génisses abattues entre 14 et 18 mois
  • pour 305 kg de carcasse en moyenne
  • Une croissance de 1 150 g/j
  • avec 35 à 40 % d’herbe conservée dans la ration.
  • 71 à 90 % d’autonomie protéique.

Résumé

Dans un marché français très segmenté pour les femelles de races allaitantes, des carcasses plutôt légères et suffisamment finies sont aujourd’hui demandées par l’aval de la filière, pour répondre à la demande de GMS qui proposent de plus en plus de barquettes de viande avec des morceaux plus petits en libre-service. La tendreté de la viande est également un critère recherché par les consommateurs. Ainsi, la production de jeunes génisses semble répondre à ces deux attentes. Si quelques références existent déjà sur les conduites de tels animaux (appelés aussi « babynettes ») avec des rations à base d’ensilage de maïs complémentées par des tourteaux protéiques (régimes similaires aux jeunes bovins mâles), peu de références sont en revanche disponibles sur des rations mixtes à base d’herbe conservée et de maïs ensilage, qui nécessitent moins de correcteurs azotés. Différents types de rations à base d’herbe ont donc été testés dans l’objectif d’améliorer l’autonomie protéique de ces conduites d’engraissement.

Méthodologie

Trois rations testées

Sur la ferme expérimentale des Etablières, deux séries de 36 génisses jeunes de 14 à 18 mois ont été étudiées. Les trois modalités testées étaient discriminées par le type d’herbe conservée, incorporée à hauteur de 38 % de la matière sèche (MS) dans les rations d’engraissement : ensilage d’herbe de Ray Grass Hydride et de Trèfle Violet (RGH-TV, début épiaison), enrubannage RGH-TV récolté précocement (fin montaison) et enrubannage de luzerne (début bourgeonnement).

Les rations étaient complétées par de l’ensilage de maïs, du blé et du tourteau de colza gras, avec un même objectif de croissance et une valeur nutritive de 0,85 UFV/kg de MS et 90 g PDI/UFV.

Les poids vifs, croissances et résultats de carcasse ont été mesurés individuellement. L’ingestion était mesurée collectivement pour chaque lot.

Tableau 1. Valeur alimentaire de l’herbe conservée

* BRE = enrubannage ; LUZ : luzerne ; PREC : précoce ; EH : ensilage d’herbe

Résultat

Un objectif atteint pour les 3 rations

Durant l’engraissement, les trois lots ont eu des croissances correctes autour de 1150 g/j, sans différence significative entre les trois rations testées. Ces croissances ont permis d’atteindre les objectifs de poids à l’âge souhaité (14 à 18 mois) sauf pour un animal. Ainsi, les lots enrubannage de luzerne, enrubannage précoce et ensilage d’herbe ont été abattus en moyenne à 16,5 mois pour un poids carcasse de 305 kg.

Des carcasses similaires

Les 3 rations ont eu des résultats similaires pour la conformation (R= en moyenne), avec des viandes rouge clair, peu marbrées et peu à légèrement persillées.
En termes de rendement carcasse, on observe une différence entre la série 1 (54,5 %) et la série 2 (52,5 %) sans pouvoir l’expliquer. Une très forte variabilité de rendement existe d’un animal à l’autre, y compris au sein d’une même classe de conformation. Par exemple, pour la classe R= les rendements allaient de 52 % à plus de 56 %, sans lien avec le régime alimentaire.

Les avantages d’un fourrage précoce

La récolte de l’enrubannage très jeune a permis d’équilibrer une ration avec moins de concentrés (blé et tourteau de colza) que les 2 autres modalités (tableau 1). Cette ration a donc permis d’atteindre un niveau d’autonomie protéique plus élevé. D’un point de vue économique, son coût alimentaire est le moins élevé. Selon nos hypothèses de prix*, les simulations sur 2021 et 2022 affichent des coûts alimentaires sur l’engraissement de 450 à 470 € pour cette ration contre 516 à 590 € pour l’ensilage d’herbe et 612 à 624 € pour l’enrubannage de luzerne.

* respectivement pour le blé et le tourteau de colza en 2021 : 251 et 350 €/T et 2022 : 328 et 400 €/T ; ensilage d’herbe 155 €/TMS, enrubannage précoce 175 €/TMS, enrubannage de luzerne 196 €/TMS et ensilage de maïs 98 €/TMS en 2021 puis 134 €/TMS en 2022.

Figure 1. Récapitulatif des résultats d’ingestion, de composition de la ration et de performances zootechniques

Intérêt technique validé ; intérêt économique nuancé

Nos résultats suggèrent qu’il est possible d’utiliser différents modes de conservation et types de fourrages pour que des jeunes génisses viande atteignent les âges et poids souhaités. En effet, d’un point de vue technique, les trois rations ont eu des performances très proches et conformes à nos attentes. Un bénéfice supérieur est observé avec la ration contenant l’enrubannage précoce de RGH-TV sur l’autonomie protéique et l’économie. En effet, la haute valeur protéique de ce fourrage et son faible encombrement ont permis de faire une ration équilibrée avec moins de concentrés. Ces résultats dépendent en premier de la valeur alimentaire du fourrage récolté en ferme, influencée en partie par le stade de récolte et la maîtrise des techniques de conservation.

D’un point de vue économique, le coût alimentaire est important par rapport au gain de poids obtenu. Il semble donc essentiel de bien calculer son coût de production en tenant compte des autres frais et charges de structure pour vérifier la rentabilité de l’atelier. Des simulations économiques sur les cas-types sont prévus pour aller plus loin et permettre d’aiguiller au mieux les agriculteurs en fonction de leurs systèmes.

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« Une diversité de types de fourrages pour produire des jeunes génisses à viande ».Finir des jeunes génisses à moins de 18 mois peut constituer un moyen de valoriser ou diversifier la production des élevages naisseurs et/ou engraisseurs. Leur courte durée d’engraissement réduit le besoin en fourrages et concentrés par rapport à d’autres catégories de bovins abattus. Toutefois, calculer la rentabilité économique et le bilan fourrager sont nécessaires avant de se lancer pour assurer cette nouvelle production. Au moment d’établir la ration, il faudra viser environ 0,85 UF/kg MS pour assurer de bonnes croissances sans déposer trop de gras sous-cutanés. Un apport de 90 à 95 PDI/UF suffit à couvrir leurs besoins de production. Pour des rations de valeur nutritive identique, cet essai démontre que les élevages peuvent utiliser différents types de fourrage et modes de conservation. Dans le cas d’une production sous cahier des charges avec un poids et un âge à l’abattage imposé, un supplément de technicité est demandé pour caler au plus près la croissance permise par la ration. Un suivi régulier du poids vif sera le garant du respect de ces objectifs et permettra de corriger la ration si nécessaire.

Bertrand Deroche

Bertrand Deroche

chargé d’études, Institut de l’Elevage (49)

Contact techniques

Sixtine Fauviot - Responsable de la Ferme Expérimentale des Etablières

sixtine.fauviot@pl.chambagri.fr

Chambres d'agriculture des Pays de la Loire

Laure-Anne Merle

laure-anne.merle@pl.chambagri.fr

Chambres d'agriculture des Pays de la Loire

Bertrand Deroche

bertrand.deroche@idele.fr

Institut de l'Elevage

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