• Création de références technico-économiques sur la production de broutards charolais nés à l’automne
• Optimisation du pâturage tournant pour économiser des concentrés
La production de broutards nés à l’automne, pratique peu répandue dans le bassin allaitant charolais, a été mise en place à FERM’INOV dans le cadre d’une étude système visant à produire des mâles maigres lourds de 400-420 kg vifs à destination du marché italien en période de creux de production (juin-juillet). Pour répondre à cet objectif commercial, les travaux expérimentaux visent à déterminer le niveau de complémentation optimal sous la mère et étudier l’impact d’une bonne gestion du pâturage au printemps sur la croissance des veaux jusqu’au sevrage. L’objectif de croissance se situe à 1400 g/j entre la naissance et la vente. La dernière série de travaux menée en 2020/2021 montre des résultats prometteurs
Les travaux ont porté sur des veaux mâles de race Charolaise, nés à l’automne (septembre). Durant l’hiver, les veaux sont complémentés avec un mash fermier. Ils ont à disposition un foin appétant et fibreux distribué à volonté.
Au printemps, durant la période de pâturage, les veaux sont conduits en deux lots distincts sur deux circuits de 5 prairies permanentes gérés en pâturage tournant avec le même niveau de chargement (35 ares/Equivalent Vache Veau) : un lot est complémenté au nourrisseur et rationné à 3 kg de mash par jour. L’autre lot ne reçoit aucune complémentation au pâturage.
Les quantités de concentrés apportées pendant l’hiver sont pesées et distribuées matin et soir. Le foin est pesé à chaque nouvel apport et les refus sont pesés tous les mois. Au pâturage, le concentré est distribué au nourrisseur tous les 2-3 jours et pesé à chaque apport. Les veaux sont pesés régulièrement entre la naissance et le sevrage.
En bâtiment, les veaux consomment en moyenne 225 kg de mash soit 1,84 kg de mash et 0,5 kg de foin consommé/veau/jour. Sur la période de pâturage, le lot de veaux complémentés consomme 100 kg de mash au nourrisseur soit une quantité journalière de 1,45 kg de concentré/tête/jour. La conduite en pâturage tournant permet donc d’économiser 30 % de concentrés par veau produit.
La maîtrise des hauteurs d’herbe entrée de parcelle (9-12 cm) et de sortie (4-6 cm) et des temps de séjour par parcelle compris entre 3 et 5 jours permet d’offrir aux animaux une herbe de qualité.
En moyenne, sur la phase « naissance-vente », les niveaux de GMQ des deux lots de veaux de l’ordre de 1550 g/j ne sont pas différents et sont supérieurs à l’objectif fixé. Les croissances par période sont indiquées en figure 2. Le lot non complémenté au pâturage a été sevré 15 jours plus tard pour assurer un poids de vente identique entre les deux lots.
L’absence de complémentation au pâturage permet une économie de 100 kg de concentrés par veau, soit 25 €/veau environ pour un prix d’aliment entre 250 et 270 €/T (conjoncture2021). Le sevrage et la vente sont différés de 15 jours sans impact sur le prix de vente au kg du broutard (2,7 €/kg vif pour les deux lots de veaux). Dans les conditions de pâturage de 2021, un écart de marge sur coût alimentaire de 41 €/broutard en faveur du lot non complémenté au pâturage est observé.
Une complémentation hivernale à hauteur de 1 kg de concentrés par 100 kg de poids vif est suffisante pour produire des broutards nés à l’automne de 400 kg de poids vif au sevrage fin juin, dès lors que l’alimentation des vaches allaitantes permet l’expression de tout leur potentiel laitier. Au printemps, une conduite en pâturage tournant optimisée, avec maîtrise des hauteurs d’herbe à chaque entrée et sortie de parcelle, impacte favorablement les performances de croissance des veaux qui n’ont pas besoin d’être complémentés. Elle permet un gain d’autonomie et- une économie de travail liée à la distribution des concentrés.
Dans le cadre de ces travaux, l’amélioration de la conduite au pâturage,en particulier la gestion des hauteurs d’herbe « entrées-sorties » mais aussi l’évolution des pratiques (d’un pâturage à 2 parcelles à un pâturage tournant à 5 parcelles) a permis d’économiser un tiers des concentrés distribués aux veaux sans dégrader l’objectif commercial.
" Cette perspective va dans le sens des attentes environnementales et sociétales "
Jérémy Douhay
Institut de l’élevage
Adrien Demarbaix - Responsable de la ferme expérimentale de Jalogny
adrien.demarbaix@sl.chambagri.fr
Chambre d'agriculture Saône et Loire
Julien Renon - Chef de pôle, service Elevage - Chambre d’Agriculture de Saône-et-Loire
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