Identifier les leviers d’actions pour améliorer la situation sanitaire du troupeau et la qualité du lait dans un contexte d’augmentation de capacité de production laitière
Dans le cadre de son programme expérimental débuté en 2017 portant sur l’optimisation de la durabilité, la multi-performance et la résilience d’un système de polyculture élevage en agroécologie, La Blanche Maison a augmenté sa capacité de production laitière. En partant d’un volume annuel de production aux alentours de 400 000 L de lait et un effectif moyen d’environ 68 vaches, l’objectif est d’atteindre les 620 000 L annuels d’ici 2022. Pour augmenter sa capacité de production laitière, La Blanche Maison a augmenté le nombre de vaches ainsi que la productivité par vache. Cet accroissement de troupeau a créé une période de tension sanitaire sur l’exploitation. Rigueur et respect des procédures ont été les clefs pour augmenter non seulement le niveau de production laitière mais également la qualité du lait.
L’écriture du protocole d’expérimentation du système en agroécologie a permis de définir les pratiques, procédures et règles de décision à mobiliser dans l’objectif recherché. La ferme expérimentale a également travaillé en partenariat avec le GDS de la Manche pour effectuer un suivi de la qualité du lait et une prévention des mammites des vaches laitières dans un «plan qualité du lait». Le suivi des performances des vaches laitières se fait de manière continue à La Blanche Maison, avec un suivi quotidien des productions individuelles et des analyses de lait au moins une fois par semaine.
Un suivi individuel des performances des vaches
Le suivi des performances des vaches laitières se fait de manière continue, avec un suivi quotidien des productions individuelles et des analyses de lait au moins une fois par semaine. Le contrôle de performance mensuel permet de faire le point sur le troupeau. Chaque situation d’animal avec un taux cellulaire est étudiée : selon les cas une analyse bactériologique est réalisée ou un test rapide est fait en salle de traite afin de vérifier quel quartier est concerné par l’infection. Le choix est alors fait de traiter, de tarir, ou de réformer l’animal.
Des motifs de réforme des animaux multipares et primipares sont définis. La réforme des vaches présentant des infections chroniques permet d’abaisser rapidement le taux cellulaire du lait livré, mais aussi de limiter les sources d’infection pour les vaches saines. Ce levier d’action, la réforme systématique, n’est possible qu’une fois l’effectif recherché atteint.
Des procédures pour la traite et des pratiques de tarissement revues
L’hygiène autour de la traite est un incontournable pour la gestion de la qualité du lait. Des protocoles ont été mis en place afin d’harmoniser les pratiques : lavage des mains avant la traite, préparation de la mamelle, premiers jets et post trempage, désinfection des griffes. Les pratiques de tarissement sont également raisonnées suivant l’état sanitaire de chaque vache laitière. En plus de l’obturateur, un antibiotique est appliqué en fonction du taux cellulaire de la vache au dernier contrôle ainsi que la détection d’une mammite pendant sa lactation (obturateur seul pour les multipares avec moins de 150 000 cellules au dernier contrôle et sans mammite au cours de sa lactation). La mise en place de l’obturateur fait également l’objet d’une procédure avec des précautions d’usage (gants pour le trayeur, propreté des quais de traite, désinfection du trayon…).
Des vaches propres dans un environnement propre
Une grande partie des infections sont acquises de l’environnement des animaux. Le curage de l’aire paillée a été programmé toutes les 2 semaines. La gestion du pâturage et des chemins d’accès fait l’objet d’une attention particulière afin de maintenir, entre autres, des accès et pâtures carrossables. Une attention particulière est portée sur l’hygiène de logement des génisses et l’hygiène au vêlage, permettant ainsi de limiter l’incidence du nombre de génisses ayant des premiers contrôles cellulaires assez élevés (>200 000 cellules).
Le bilan de l’année 2020 est positif à La Blanche Maison, dont la production annuelle livrée avoisine les 600 000litres de lait. L’augmentation de l’effectif du troupeau (90) s’est fait par l’élevage des génisses sur la ferme, ce qui a d’être réactifs dans la production. La production de lait moyenne par vache a été améliorée de 34% (7100 kg en 2020). Cette augmentation de volume n’a en outre pas détérioré la composition du lait. La teneur en matière utile progresse dans les mêmesproportions depuis 2017 et les taux sont maintenus (TB : 42 g/kg ;TP : 34.3 g/kg en moyenne sur 2020).
Dans le contexte de l’accroissement de troupeau de la ferme expérimentale, il semblait impératif d’améliorer la qualité du lait. L’exploitation bénéficiait déjà d’un suivi régulier. L’effort s’est donc porté sur la situation de chaque animal pour la stratégie de traitements des mammites, du tarissement, de la réforme, etc.
Avec plusieurs salariés et intervenants sur le troupeau, des procédures de traite,de traitement de tarissement et d’hygiène ont été revues et diffusées pour une harmonisation des pratiques. Enfin, une amélioration de l’hygiène des bâtiments et en particulier des génisses a contribué à la réussite globale de ce programme expérimental débuté en 2017.
La ferme expérimentale de La Blanche Maison a réussi son objectif d’accroître son troupeau tout en augmentant sa production de lait /VL en maintenant un taux cellulaire moyen de<200 000
« Accroissement de troupeau : Bien définir les objectifs de l’élevage pour prendre les bonnes décisions »
Lucie Morin
Responsable de la ferme expérimentale de La Blanche Maison
Flore Lepeltier
Gestionnaire de projets R&D à la ferme expérimentale de La Blanche Maison
Nadège Larsonneur
Conseillère sanitaire GDS Manche
nadege.larsonneur@gds-manche.fr
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