Evaluation technico-économique et environnementale de deux systèmes bovins viande « naisseurs herbagers », différenciés par leur période de vêlages
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Evaluation technico-économique et environnementale de deux systèmes bovins viande « naisseurs herbagers », différenciés par leur période de vêlages

Etude « systèmes » à la ferme expérimentale de Jalogny
Modifié le :
8
August
2023

Évaluer et comparer le fonctionnement de deux systèmes allaitants naisseurs herbagers de dimensions similaires, construits autour de stratégies zootechniques et fourragères contrastées sur 6 campagnes de production (2012-2017), capables d’approvisionner la filière en mâles maigres pendant le creux de production estival.

Ce qu’il faut retenir

Deux systèmes charolais permettant d’approvisionner la filière en mâles maigres sur le creux de production estival.
Evaluation technico-économique et environnementale de deux systèmes bovins viande « naisseurs herbagers », différenciés par leur période de vêlagesEvaluation technico-économique et environnementale de deux systèmes bovins viande « naisseurs herbagers », différenciés par leur période de vêlagesEvaluation technico-économique et environnementale de deux systèmes bovins viande « naisseurs herbagers », différenciés par leur période de vêlages

Chiffres clés

  • 1,26 vs 1,19 UGB/ha
  • de SFP automne vs printemps
  • 288 vs 277 kg/UGB
  • vifs produits automne vs printemps
  • 293 vs 334 €/UGB
  • de Marge sur charges automne vs printemps
  • 11,9 vs 11,7 kg eq CO2/kg vif produit
  • d'Empreinte carbone nette

Résumé

Dans un contexte de recherche de durabilité des systèmes d’élevage et d’adéquation des produits à la demande de la filière, les systèmes allaitants doivent relever des défis techniques, économiques et environnementaux. Le système d’automne (A), producteur de broutards de 8-9 mois vendus fin Juin à 400 vifs payables, était basé sur des vêlages d’automne et visait à sécuriser les stocks fourragers en quantité et en qualité afin de répondre aux besoins élevés des animaux en hiver. Le système de printemps (P), producteur de taurillons d’herbe de 14-15 mois à 450 vifs payables était basé sur des vêlages de fin d’hiver et visait à faire coïncider au mieux les besoins des animaux au cycle de l’herbe. Les niveaux de production de viande vive sont maîtrisés dans les deux systèmes : 288 kg (système A) et 277 kg de viande vive/UGB (système P). Bien en phase avec le cycle de l’herbe et plus économe en charges, le système P reste plus performant économiquement : + 41 €/UGB, + 104 €/vêlage par rapport au système A. Les performances environnementales de ces deux systèmes sont bonnes : avec un fort pouvoir de stockage du carbone permis par leur caractère herbager, les systèmes compensent leurs émissions gazeuses à hauteur de 40 %.

Méthodologie

Deux systèmes de production étudiés sur 6 années

Deux systèmes naisseurs « bovins viande charolais » ont été mis en place à la ferme expérimentale de Jalogny et étudiés sur six campagnes de production entre 2012 et 2017. Chaque campagne se caractérise par une période hivernale en bâtiment, suivie d’une période de pâturage. Chacun des systèmes est conduit comme une ferme distincte et comprend environ 50 vaches de race Charolaise avec un taux de renouvellement proche de 30 %. Les parcellaires ont un potentiel agronomique jugé identique. Les deux systèmes sont herbagers et visent à produire des mâles maigres destinés à être vendus en juin-juillet. Des bilans techniques, économiques et environnementaux ont été réalisés pour chaque campagne étudiée.


Résultat

Zoom sur deux systèmes bovins charolais

Figure 1. bilans commerciaux des catégories de bovins vendus                     (moy 2012-2017)

Un système d’automne légèrement plus productif/UGB

En moyenne 6 ans, la production de viande vive par UGB est légèrement supérieure pour le système A (A : 288 kg vifs/UGB ; P : 277 kg vifs/UGB) (figure 1). En moyenne les broutards d’automne ont été vendus à 350 kg vifs à l’âge de 8,8 mois. Ce poids de vente moyen a progressé sur les 6 années de l’essai (315 à 390 kg) pour être adapté à la demande de la filière. L’optimisation du niveau de complémentation des veaux mais aussi de la ration hivernale des mères autour du vêlage et en bâtiment a permis une amélioration des croissances des veaux. Dans le système P, les taurillons d’herbe sont mis sur le marché à un poids moyen de 426 kg vifs à l’âge de 15 mois.

Un système de printemps plus performant car plus économe en charges

Figure2. résultats économiques des deux systèmes (moy2012-2017

Exprimée par UGB, la marge bovine sur les postes décrits (concentrés, paille de litière, frais d’IA et frais vétérinaires) est en faveur du système P : + 41 €/UGB par rapport au système A (figure 2). Par vêlage, l’écart de marge est de 104 € en faveur du système P. Le système A dégage plus de produits mais génère plus de charges d’où une marge inférieure au système P. La production d’animaux jeunes plus précoces du système A et la constitution de stocks fourragers importants pour couvrir les besoins élevés des femelles en phase d’allaitement et de reproduction génèrent des coûts plus élevés. Ce système requiert une chaîne de récolte et de distribution des fourrages plus onéreuse.

Deux systèmes herbagers performants sur le plan environnemental

Figure3. empreinte carbone nette des deuxsystèmes (moy2012-2017)

En moyenne 6 ans, les émissions brutes de gaz à effet de serre (GES) sont équivalentes entre les deux systèmes (19,2 kg eq C02/PBVV pour A et 19,7 pour P)(figure 3). Calculé avec une norme de 570 kg de carbone/ha de prairie/an, le stockage de carbone est légèrement plus important dans le système P (5 % d’écart par rapport au système A). Le stockage de carbone compense 40 % des émissions brutes dans les deux systèmes. Les émissions nettes sont légèrement à l’avantage du système P (5,5 % d’écart). Concernant les types de gaz émis, le temps de présence supérieur sur l’année ainsi que les poids plus élevés des taurillons d’herbe augmentent les quantités de CH4 émis dans le système P (325 contre 289 tonnes eq CO2/an pour A). Les consommations d’intrants (carburant, fertilisation…) supérieures dans le système A augmentent la quantité de C02 émis.


Conclusion

Deux systèmes performants économiquement et vertueux sur le plan environnemental

Ces deux systèmes bovins naisseurs herbagers conduits avec des stratégies de gestion animale et fourragère contrastées permettent d’approvisionner la filière en mâles maigres sur le creux de production estival. Les niveaux de production de viande vive obtenus dans les deux systèmes sont maîtrisés. Bien adapté à la zone herbagère charolaise avec un cycle de production moins « intensif » et mieux calé sur celui de l’herbe, le système P reste plus performant économiquement. Plus économe en charges, il dégage une marge bovine supérieure: + 41 €/UGB, + 104 €/vêlage et + 38 €/ha SF par rapport au système A. Sur une analyse environnementale multicritère, le système P est plus vertueux que le système A. Sur l’analyse des GES, peu de différences sont enregistrées entre les deux systèmes : l’intensification du système A permet de diluer ses émissions de GES alors que le système P compense plus ses émissions grâce à une surface en prairies permanentes plus importante. En valorisant les ressources naturelles régionales, ces deux systèmes s’inscrivent dans une démarche de durabilité favorable à l’économie de la filière et aux attentes sociétales.


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L’analyse de l’essai systèmes présentée précédemment a reposé sur un travail collectif avec une complémentarité de compétences. L’approche technique et économique s’est appuyée sur l’expertise du Réseau d’Élevage Charolais : les résultats obtenu sont été repositionnés par rapport aux références techniques de systèmes équivalents.L’évaluation environnementale multicritère s’est faite en lien direct avec le service «Environnement» de l’Idele (diagnostic CAP’2ER®).

Ce travail a permis de dresser un bilan des points forts et des points faibles pour chacune des deux façons de produire sur les différents volets (troupeau, système fourrager, fertilisation, économie…) afin de pouvoir guider l’éleveur dans ses choix, en fonction du contexte géographique, de ses moyens de production (cheptel, bâtiments, parcellaire…) et de ses aspirations personnelles. Une réflexion sur l’évolution du dispositif système est en cours pour répondre aux enjeux filière et changement climatique.

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Jérémy Douhay

Jérémy Douhay

chargé d’expérimentation à la ferme de Jalogny (Idele)

Contact techniques

Julien Renon - Responsable de la ferme expérimentale de Jalogny

julien.renon@sl.chambagri.fr

Chambre d'agriculture Saône et Loire

Jérémy Douhay

jeremy.douhay@idele.fr

Institut de l’élevage

POUR EN SAVOIR PLUS

Évaluation technico-économique et environnementale de deux systèmes bovins viande « naisseurs herbagers », différenciés par leur période de vêlages, article 3R, 2020

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