Selon la période de sevrage des veaux, de réforme des vaches et le stock de fourrages sur pied ou conservé, une finition des vaches de réforme uniquement à l’herbe peut constituer une solution technico-économique d’intérêt. La finition des vaches de réforme (VR) au pré est souvent privilégiée au printemps, tandis qu’il manque des références techniques pour les saisons d’été et automne.
La finition au printemps assure le meilleur compromis sur les critères techniques mesurés avant ou après abattage. La finition en été est compliquée à mettre en œuvre et obtient des croissances faibles. Ces deux saisons ont été 100% autonomes. Bien que le lot d’automne ait nécessité d’être fini à l’auge, 56 jours de pâturage ont permis de limiter l’utilisation d’aliments distribués en bâtiment.
Trois saisons de pâturage
Trois saisons de finition de VR au pâturage tournant ont été étudiées : printemps (mise à l’herbe fin mars), été (mise à l’herbe mi-juin), automne (mise à l’herbe fin septembre). 12 VR ont été étudiées par saison en 2021. La ration comportait 100% d’herbe au pré, provenant de prairies multi espèces ou dérobée estivale.
Au 10/12/2022, ce lot a été rentré en bâtiment pour recevoir 52% d’ensilage d’herbe, 20% ensilage de maïs, 19 % de blé, 9% de tourteau de colza (0,88 UFV ; 99 DI/UFV). Les poids vifs, croissances, notes d’état corporelle et résultats de carcasse ont été mesurés individuellement. L’abattage visé était une note d’état corporelle de 3.
Sur la phase de pâturage, les croissances et la vitesse d’engraissement sont élevées, entraînant une courte durée de finition en moyenne (89 j) (cf. figure 1). La conduite de printemps a été facilitée par la présence d’herbe qualitative en quantité suffisante. Les carcasses ont été conformées R+ pour un rendement de 53,7 % (cf. tableau 1)
Pour une NEC moyenne de 2,9 lors de l’abattage, le lot d’été n’a gagné que 76 kg, de surcroît sur une longue durée d’engraissement. Un rendement carcasse élevé a toutefois limité l’écart de poids de carcasse avec les autres lots. Malgré une année 2021 favorable à la pousse de l’herbe, l’utilisation de dérobée estivale a été nécessaire pour éviter l’affouragement.
Pendant les 56 jours de pâturage, la croissance a été en moyenne de 1070 g/j. La finition en bâtiment a été nécessaire par manque de portance des sols. 120 kg de tourteau de colza ont été utilisés sur cette période. La croissance des vaches a été de 2106 g/j en bâtiment. Le rendement carcasse a été de 52,7 %, mais les vaches étaient classées U- pour un poids de carcasse de 503 kg.
La finition au printemps constitue la période la plus intéressante pour produire des bovins lourds et gras rapidement, grâce à une forte production d’herbe de qualité.
En été, les vaches déposent du gras, mais peu de viande, limitant ainsi le bénéfice économique. De plus, cette période de finition reste compliquée en année favorable ou défavorable à la pousse de l’herbe. Pour passer le creux de pousse de l’herbe, des dérobées estivales peuvent être pâturées, mais avec quelle facilité et coût d’implantation ? L’utilisation de report d’herbe sur pied pourrait également être une solution.
Un engraissement en automne nécessitera la présence de ressources fourragères en quantité et qualité suffisantes pour retarder la distribution d’une ration à l’auge. La portance du sol sera également essentielle pour y parvenir. Comme réalisé dans cet essai, un passage au pâturage peut servir de 1ère phase de finition pour améliorer l’autonomie alimentaire et réduire les frais d’alimentation.
La finition au pâturage s’adresse aux élevages qui ont suffisamment de disponibilité de surface pour ne pas concurrencer le troupeau d’élevage.
Faire pâturer des vaches de réformes lors des saisons moins favorables que le printemps permet d’engraisser ou de pré-engraisser avec un faible coût alimentaire. À une période où la croissance de l’herbe est faible voire nulle, un petit lot de vaches de réforme peut assurer la valorisation des ressources que l’on ne serait pas allé chercher avec un lot plus conséquent. En mobilisant différentes stratégies (report sur pied, dérobées, etc.), il est ainsi possible d’éviter l’utilisation de stocks pendant l’été grâce au pâturage.
Dans des systèmes pâturants, le pâturage d’été ou d’hiver peut permettre de faire patienter les animaux et les préparer pour que leurs performances décollent dès que l’herbe regagne en qualité et quantité.
Quelle que soit la performance, le pâturage permet une prise de poids à moindre coût alimentaire et à faible mécanisation par rapport à un engraissement en bâtiment.
L’intérêt de ce type de pratiques est bien sûr à évaluer en fonction du contexte, car selon les saisons il peut être difficile d’aller chercher les derniers kilos.
Le pâturage permet une prise de poids à moindre coût alimentaire
Sixtine Fauviot - Responsable de la Ferme Expérimentale des Etablières
sixtine.fauviot@pl.chambagri.fr
Chambres d'agriculture des Pays de la Loire
Laure-Anne Merle
laure-anne.merle@pl.chambagri.fr
Chambres d'agriculture des Pays de la Loire
Bertrand Deroche
Institut de l'Elevage