A la ferme des trinottières, la majorité des vêlages sont groupés de septembre à décembre. pour des raisons expérimentales, les génisses sont conduites dans un objectif de 1er vêlage à 24 mois. Depuis 2007, les veaux nés tardivement au cours de la saison de vêlage sont élevés dans un objectif de vêlage très précoce, à 22 mois (au lieu de 33), afin de réduire la période d’élevage tout en conservant des vêlages d’automne.
Le suivi de 554 génisses a permis de définir des plans d’alimentation post-sevrage adaptés à chaque âge au 1er vêlage.
À partir du sevrage, l’alimentation des génisses est adaptée en fonction de l’objectif d’âge au 1er vêlage (Fig. 1). Les génisses en vêlage précoce ont des croissances en cohérence avec les repères de croissance pour un vêlage à 24 mois. Les génisses en vêlage très précoce ont une croissance plus soutenue dès le sevrage afin d’être inséminées à un poids suffisant (394 kg en moyenne). À 6 mois, elles pèsent 10 kg de plus que les génisses en vêlage précoce. À 15 mois, l’écart est de 20 kg.
À l’inverse, les génisses en vêlage tardif ont une croissance inférieure afin d’éviter un engraissement excessif à l’insémination puis au vêlage.
En 1ère lactation, la production laitière 305 jours des animaux conduits en vêlage précoce ou très précoce est équivalente (Tab. 1). En revanche, elle est inférieure d’environ 300 kg à celle des primipares ayant vêlé à 33 mois. Corrigée du poids vif, la production laitière en 1ère lactation est supérieure pour les animaux en vêlage précoce ou très précoce (14 kg contre 13 kg de lait/kg de poids vif). Plus que l’âge au vêlage, c’est le poids à ce stade qui semble influencer le plus la production de lait des primipares.
Les génisses conduites en vêlage précoce ou très précoce produisent plus de lait/jour de vie que celles vêlant à 33 mois, du fait de leur plus faible durée d’élevage (Tab.1).
Au 1er vêlage, les génisses vêlant tardivement sont plus lourdes (Tab. 1). Mais les génisses en vêlage
précoce ou très précoce rattrapent leur retard au 3ème vêlage, tout en produisant autant de lait.
Le coût de production d’une génisse aux Trinottières est maîtrisé grâce à :
L’écart de coût entre vêlages précoce et très précoce est réduit (Tab. 2) car les génisses en vêlage 22 mois consomment plus de concentrés et pâturent moins. Les génisses en vêlage tardif coûtent plus cher mais l’écart est limité grâce à une conduite qui maximise le pâturage (y compris en hiver) et minimise les concentrés.
Pour réussir un vêlage précoce, 2 points sont essentiels :
Malgré les plans de buvée économes, l’objectif du poids à 6 mois est atteint. Pour obtenir de bonnes croissances, du concentré est apporté à volonté durant la phase lactée avec de l’eau et du foin (ou de la paille). Après sevrage, cette complémentation est plafonnée à 3 kg/jour par génisse jusqu’à l’âge de 6 mois, avec apport de foin fibreux à volonté et d’eau. Le suivi quotidien, le logement et le respect des bonnes pratiques d’élevage sont essentiels pour limiter les problèmes sanitaires et assurer une croissance soutenue.
Les premières mises à l’herbe s’effectuent début mars. Après une transition de 2 semaines, les génisses ont de l’herbe à volonté, complémentée avec 1 kg de céréales, 50 g de minéral et du foin. Dès que l’herbe manque, du fourrage est apporté à volonté au pré. À l’automne, si les repousses sont suffisantes, les génisses retournent au
pâturage avec la même complémentation qu’au printemps. Elles rentrent en stabulation vers le 10 novembre pour démarrer une transition alimentaire avant les premières inséminations à partir du 25 novembre.
Quid des vêlages très précoces? Les génisses en vêlage très précoce ont la même conduite en phase lactée que les autres génisses. En revanche, après sevrage, elles reçoivent jusqu’à 3,5 kg de concentré par jour, avec du foin fibreux à volonté et de l’eau. La conduite est ensuite identique.