Depuis le début des années 2000, la ferme expérimentale des Trinottières a testé différentes stratégies d’élevage des génisses laitières, avec pour finalité la réduction des coûts d’élevage et du temps de travail. Leurs effets sur la croissance et les performances de production après vêlage sont désormais disponibles.
Avec moins de buvées Les pratiques d’allaitement des femelles ont été optimisées pour réduire le temps de travail et les coûts d’élevage, tout en assurant de bonnes croissances. La phase lactée a été raccourcie de 2 semaines pour atteindre un âge moyen au sevrage de 8 semaines. Le plan lacté a progressivement été adapté pour aboutir à 6 buvées par semaine au lieu de 7, et ce dès l’âge de 15 jours. Plusieurs plans lactés ont été testés :
Ils aboutissent tous à des résultats comparables.
Pour des raisons expérimentales, les vêlages se concentrent en automne. Les animaux nés tard dans la saison de vêlage étaient conduits en vêlage tardif afin de recaler leur date de mise bas en automne, en même temps que ceux vêlant à 2 ans. Jusqu’en 2002, cette pratique concernait près de la moitié des génisses. Le choix d’avancer l’âge au 1er vêlage à 22 mois a alors été pris afin de réduire la part d’animaux en vêlage tardif. De 2007 à 2018, les génisses vêlant à moins de 24 mois représentaient un quart de l’effectif. À partir de 2010, les vêlages tardifs ne sont quasiment plus pratiqués et près de 75 % des génisses mettent bas à moins de 26 mois.
Les conduites pratiquées sur la ferme des Trinottières ont pour objectif d’atteindre les repères de poids à âge-type recommandés pour les âges au 1er vêlage visés.
Les génisses conduites en vêlage précoce (24 mois) atteignent en moyenne les repères de poids à âge-type présentés par la Fig. 1 : 200 kg à 6 mois, 400 kg à 15 mois
et 630 kg avant le vêlage. Plus de 75 % d’entre elles pèsent plus de 190 kg à 6 mois et plus de 380 kg à 15 mois, à la mise à la reproduction.
Après leur 1er vêlage, les vaches laitières sont alimentées avec une ration complète équilibrée à 90 g de PDI/kg MS. En hiver, l’ensilage de maïs est le fourrage principal. Dans une moindre mesure, des ensilages d’herbe, de sorgho ou de mélanges céréales-protéagineux sont également distribués. De mars à fin juin, une partie du troupeau pâture, le silo restant néanmoins ouvert. La production laitière augmente avec la parité. Il faut attendre la 3ème lactation pour bénéficier de tout le potentiel d’une vache
(Fig. 2).
Au cours du 2nd hiver, les génisses âgées de 14 à 18 mois ont un objectif de croissance modéré de 600 g/j afin de pouvoir bénéficier de la croissance compensatrice au printemps suivant.
Tous les fourrages sont possibles : paille de blé ou de pois, foin, enrubannage, ensilage d’herbe ou de maïs. La complémentation est à adapter à la valeur nutritive du fourrage et à l’objectif de croissance afin de limiter les coûts.
Au printemps suivant, la mise à l’herbe se fait le plus tôt possible pour la pleine expression du potentiel de croissance compensatrice. L’herbe doit être de qualité et offerte à volonté.
Les résultats présentés ont été obtenus dans le cadre du projet FranceAgriMer GEREL (GEnisses de REnouvellement, Levier de compétitivité dans les élevages laitiers). Ce projet a permis de compiler les données des génisses nées sur la ferme des Trinottières entre août 2000 et mars 2018 et d’analyser leurs performances, depuis leur naissance jusqu’à leur réforme ou, à défaut, jusqu’à la fin de leur 1ère lactation.