• Évaluer l’intérêt technico-économique du toastage du pois et de la féverole enengraissement de jeunes bovins
• Améliorer l’autonomie protéique des rations d’engraissement de jeunes bovins
L’objectif de cette étude consistait à comparer les performances technico-économiques de rations distribuées à des jeunes bovins (JB) comprenant du tourteau de soja, des graines de protéagineux crues ou des graines de protéagineux toastées.
La croissance des JB était proche entre les rations incluant du tourteau de soja, des graines de protéagineux(pois ou féverole) crues ou toastées. Les résultats de carcasse étaient identiques entre les différentes rations étudiées. La valeur azotée des graines toastées étaient supérieure aux graines crues, ce qui a permis de réduire ou supprimer le tourteau de soja de ces rations. L’autonomie protéique de ces rations a ainsi été améliorée. En revanche, la ration soja est restée la plus compétitive dans les simulations économiques.
Deux essais comportant soit du Pois, soit de la Féverole, ont été répétés 2 années de suite. Trois lots de 14 JB composaient chaque répétition. Leur ration comportait environ (en MS) 7 kg de maïs ensilage, 150 g de paille, un aliment minéral et vitaminique et un tiers de concentré réparti entre du blé et un correcteur azoté. Ce dernier différenciait les 3 rations :
Des mesures en engraissement et sur la carcasse ont été réalisées.
Le toastage améliore la valeur azotée des graines de protéagineux
En comparaison du pois ou de la féverole crue, le toastage a amélioré respectivement les PDIN de 12et 21 g/kg MS et les PDIE de 24 et 36 g/kg de MS. Le tourteau de soja a ainsi pu être réduit ou supprimé des rations comprenant des protéagineux toastées.
Cela permet donc de gagner en autonomie protéique. Celle-ci est passée de 53% pour les rations Témoin à 80 et 100% pour le Pois et la Féverole toastés. Les valeurs étaient intermédiaires avec une graine crue.
Des performances maintenues avec les graines de protéagineux
Pour les 2 séries de chaque essai, l’ingestion a été similaire entre les lots. La croissance des JB était identique entre le lot Témoin et le lot avec une graine de protéagineux crue ou le pois toasté. La ration avec de la féverole toastée a obtenu une croissance légèrement plus faible que la ration témoin (Tableau 1). Ce résultat est toutefois à nuancer car son ratio PDIN/UFV était involontairement plus faible.
Chaque lot de JB a réussi à atteindre un poids de carcasse moyen proche de 445 kg. Quel que soit le critère étudié sur la carcasse, les résultats n’ont pas différé entre les rations étudiées.
Des résultats économiques mitigés
Des simulations économiques ont été réalisées sur la base du cas-type Naisseur-engraisseur charolais du l’Ouest. En remplaçant du tourteau de soja acheté par des protéagineux produits sur l’exploitation pour l’engraissement des JB, la surface demandée par l’atelier bovin augmente de 1,5 ha pour le pois cru à 6 ha pour la féverole toastée. Les surfaces sont prises sur les cultures de vente et engendrent un manque à gagner qui n’est pas couvert par l’économie réalisée sur l’achat du soja. Sur la base de notre essai, la ration témoin obtient un Excédent Brut d’Exploitation légèrement meilleur.
Malgré une rentabilité économique légèrement moindre avec des graines de protéagineux, leur incorporation sous forme crue et plus encore toastée dans la ration d’engraissement de jeunes bovins constitue une piste intéressante pour des exploitations cherchant à gagner en autonomie protéique. En effet, le toastage améliore légèrement la valeur azotée des graines de protéagineux.
Cet essai montre que l’on peut obtenir des performances de croissance et de carcasse comparables entre des JB alimentés avec du tourteau de soja ou des graines protéagineuses crues ou toastées. Il est néanmoins essentiel de bien maitriser le procédé de toastage et de connaitre la valeur nutritive réelle des graines toastées pour formuler au mieux la ration et éviter notamment un déficit en protéine.
L’utilisation de graines de protéagineux toastées présente quelques contraintes techniques qu’il faut anticiper. La graine doit monter à la bonne température puis refroidir lentement. Selon les conditions météos et la température initiale de la graine, le procédé peut-être plus ou moins long (entre une et deux tonnes à l’heure). Il faut également être vigilant sur la propreté des graines à toaster. La maîtrise de ces paramètres, notamment à travers le réglage du toasteur, assurera une protection optimale de la protéine sans dégrader sa qualité et sa digestibilité dans l’intestin.
C’est aussi un chantier qui mobilise de la main-d’œuvre pour la manutention des graines car le toasteur doit être alimenté en continu.
Nous avions quelques appréhensions sur l’appétence des graines toastées mais les animaux les mangent sans problème.
Sixtine Fauviot - Responsable de la Ferme Expérimentale des Etablières
sixtine.fauviot@pl.chambagri.fr
Chambres d'agriculture des Pays de la Loire
Laure-Anne Merle
laure-anne.merle@pl.chambagri.fr
Chambres d'agriculture des Pays de la Loire
Bertrand Deroche
Institut de l'Elevage